Marketing is design

Il y a des symboles parfois tellement parlants que tout le monde les veut en même temps!

En ce moment celui qui tient la corde c'est ....

le cochon, sous forme de tirelire plus précisément ;

parce qu'il représente les économies que tous les Français souhaitent (?) faire en ces moments de crise !

Alors depuis quelques jours, vous trouvez le cochon tirelire chez Leroy Merlin, sur un site spécialement créé (avec de superbes animations d'ailleurs) et sur toutes les affiches 4X3 qui tapissent nos murs . Il s'habille en parpaing, en conduit d'évacuation, en radiateur ou en ampoule pour bien passer le message..

Et puis aussi chez MAAF, dans le dernier spot TV, où Daniel Prevost agresse comme d'habitude le patron de son agence  MAAF, mais bizarrement avec un cochon tirelire sous le bras, alors qu'il n'en avait jamais eu besoin avant !

Et puis dans les pages de la Tribune de Lyon, pour illustrer les adresses d'un dossier "Lyon pas cher", on a des cochons tirelire avec des écouteurs sur les oreilles pour les adresses musique, ou une voiture miniature pour les adresses automobiles, ou à coté d'une petite maison pour les adresses immobilières....etc.

Enfin bref, c'est la multiplication des cochons, à défaut de la multiplication des pains...

Je me demande si je ne vais pas aller relooker les tirelires de mes enfants ... peut-être que je peux les recaser dans de futures campagnes de pubs !

Il m'est arrivé un truc bizarre mardi dernier :

Ca a commencé avec le radio, annonçant dès potron-minet que notre Président souhaitait "mesurer le bonheur des Français" comme indicateur de croissance, sur le conseil de deux prix Nobel d'économie : Joseph Stiglitz et Armatya Sen.

Ensuite j'ai vu la publicité pour le nouveau Le Monde Magazine avec sa "Une " en soleil souriant, pour illustrer un dossier sur "le pays du bonheur" = le Danemark.

(sauf que je n'habite pas au Danemark ...)

Et puis sur les affiches et à la télé le soir, ça a été Carrefour et ses visages souriants, me clamant que "le positif est de retour!"

(sauf que je ne fais pas mes courses chez Carrefour...)

Puis BMW me soutenant que "la joie a une adresse" et que les voitures BMW m'apportent de la joie (durable en plus !)

(sauf que je n'ai pas les moyens de m'offrir une BMW .... et d'ailleurs si j'avais les moyens d'en acheter une, je serais sans doute trés heureuse, mais sans m'acheter une BMW !)

Et enfin le spot Coca cola, m'explosant des bonshommes bizarres plein de couleurs à la figure, pour me dire qu'en ouvrant une bouteille de Coke, "j'ouvre du bonheur".

(Sauf que je n'aime pas le coca-cola ! )

Au final, je me dis que j'ai tout pour être malheureuse cette semaine, si je crois ce qui est dit dans les pubs !

Mais surtout je me dis qu'il y a des médias et des planneurs stratégiques quelque part qui se disent qu'à force d'entendre parler de crise, de chômage, de fermetures d'usines ou autres bonus écoeurants, les Français vont carrément déprimer ; et qu'il est temps de leur remonter le moral ! - et même économie magazine en parle !

Parce que tout marketeur sait bien que si une nouvelle paire de chaussures fait passer rapidement un petit coup de blues passager (surtout celui des filles), un consommateur vraiment déprimé est un consommateur qui ne consomme plus ...! : "En période de morosité économique, nous avons tous la même tentation : réduire les dépenses qui nous apparaissent tout à coup inutiles, ou superflues"

Donc on lui propose du bonheur, de la bonne humeur, de la joie, du positif, car "les besoins qui sont au cœur de nos sociétés occidentales d’aujourd’hui relèvent des valeurs les plus importantes pour nous, que ce soit la famille, le partage, l’amour, l’hédonisme ; en un mot, le bonheur."..... et peut-être qu'à force de méthode Coué, on va nous remotiver !

Franchement ils nous prennent pour qui ? Vous croyez vraiment qu'on va se laisser avoir par d'aussi grosses ficelles ? Surtout quand elles se mettent à plusieurs ! (d'ailleurs je ne suis pas la seule à râler..)

Allez, consommateurs et lecteurs de tous les pays, à mon commandement ....  Souriez !

P.S : cette note est la 200e de ce blog... et ça ça me rend quand même trés heureuse !

Le 28 mai dernier (c’est dire si je suis en retard !), l’équipe ADETEM Rhône Alpes a eu l’honneur de recevoir à Lyon Danielle Rapoport, psychosociologue, experte de l’analyse des modes de vie et de la consommation

Elle nous a apporté sa vision sur le thème Crise : nouveaux consommateurs, nouvelles opportunités ?

Les études de cas et surtout contre-exemples ont été amenés par Anne Elisabeth Bureau, consultante chez Loyaltouch (ex-Kouro Sivo), spécialiste de la motivation et de la fidélisation des réseaux de vente et commerciaux

Nous leur avions demandé leurs éclairages sur les nouveaux comportements du consommateur et du client, et les pistes pour les marques et les marketeurs pour repenser leur offre produits et services.

Danielle Rappoport a d’abord remis en perspective  le tableau du consommateur actuel:

·Le contexte de crise pour le consommateur n’est pas récent : depuis le début des années 90, il existe un contexte psychosocial délétère, de défiance vis-à-vis des institutions au sens large et de sentiment général de perte et de peur de l’avenir

·Cette perception est amplifiée par la superposition des crises (vache folle, grippe aviaire, porcine etc…), l’hypermédiatisation des facteurs d’alarme et la gestion additionnelle d’autres crises plus permanentes (crise du risque, du temps, du moi, de l’altérité)

• Les consommateurs ne sont pas tous égaux devant ce contexte (niveau d’information pouvoir d’achat perçu ou réel, situation personnelle …) et ont développé 3 grandes stratégies pour rebondir et gérer cette crise :