06/11/2007
Détournement de bloggeurs
Je vous disais il y a quelques notes que j’étais cernée par les licences et autres instruments marketing déloyaux pour me faire acheter toujours plus pour mes enfants. Et je découvre encore aujourd’hui une nouvelle formule, qui parle à mon pauvre-petit-cœur-de-mère-désemparée, pour mieux capter mon attention et mes sous.
Il s’agit en fait de la marque de jouet Fisher Price, qui a demandé à Ogilvy d'imaginer un site pour « petits » (ah bon ?) et «grands» (surtout). Dans sa grande mansuétude totalement désintéressée, le site www.deboutlesparents.fr. permet aux parents de « partager leurs expériences de parents, de trouver des réponses aux questions nouvelles qui surgissent dans leurquotidien et de rencontrer d'autres parents ».
La newsletter e-marketing nous apprend que « Le site s'organise autour de trois espaces: un Carnet de Parents, réunissant les blogs créés par quatre parents "rédacteurs" qui écrivent des articles correspondant à leur vision sur la vie de parents; un espace Questions/Réponses pour accompagner et rassurer les parents dans leur quête de l'éveil et l'épanouissement de leur enfant (sic !) et enfin, un espace mise en relation pour faire connaissance avec les membres de la communauté et créer de nouveaux liens. »
J’ai visité, j’ai lu.
Effectivement les blogs des parents rédacteurs sont sympas, et on s’y retrouve bien.
La note de Sabine expliquant que « le mode bébé s’apprend sur le tas » m’a effectivement rappelé cette période de « crash test post partum » où je me demandais tous les jours dans quelle pochette surprise j’aurais bien pu trouver un permis bébé… Permis que j’aimerais repasser d’ailleurs à chaque stade d’évolution de Superchat ou Elastigirl !
Par contre je n’ai pas testé le « Questions réponses » parce que je me demande qui va me répondre : un parent, un psycho sociologue de la petite enfance ? Un pédiatre ? Un chef de produit Fisher Price ?
Cela dit l’idée est bonne que de fournir aux parents un n-ième site de « rencontre forums et discussions » où assouvir leur soif de conseils. Mais je me demande bien ce qui va rendre celui –là plus crédible que les autres. La confiance en l’avis de ses pairs sans doute, car qui mieux qu’une maman ou un papa qui parle d’expérience peut me renseigner quand je baigne dans le doute entre tétine et pouce ? Mais d'autres marques, comme Huggies, l'ont déjà fait.
Evidemment Fisher Price ne fait pas tout cela par pure bonté d’âme, surtout sur le conseil d’Ogilvy … donc il est très probable que les notes des parents bloggeurs (et leurs commentaires), les questions postées et les échanges de forums seront utilisés par la marque : Super pour identifier les moteurs et les craintes des parents, et s’en servir demain pour un prochain argumentaire produit ! Sans parler de la construction d’une base de données.
Je serais par contre très curieuse de savoir sous quelle forme les parents bloggeurs ont été recrutés et seront surtout rémunérés ! Même si je suis d’accord pour admettre que ces contenus seront certainement bien plus sincères et pertinents que ce que tous les rédacteurs du pub du monde pourraient produire, il s’agirait quand même de les récompenser de leur travail (en jouets Fisher Price peut-être ?).
Pour conclure, je trouve que c’est un bon exemple de la démarche d’une marque qui s’adresse aux enfants (et dépense des millions en écrans de publicité pré- Noël), mais doit aussi toucher les parents pour les convaincre que le jouet que leur enfant réclame est bon pour lui. Mathieu a développé cette analyse dans son mémoire, dont vous pourrez lire quelques extraits ici. (je lui fais de la pub ! :o) )
Fisher Price essaie ici de construire sa crédibilité de « marque-qui-fait-attention-à-l’éveil-de-enfants », pour nous rassurer sur nos prochains investissements de Noël.
Et je confirme que cette double action sur le prescripteur (l’enfant) et le décideur –acheteur (le parent), est absolument nécessaire si les fabricants de jouets veulent me faire acheter le super hélicoptère de super-héros que me réclame Superchat ces derniers temps !
Cela dit la pression commerciale est assez discrète dans le site Fisher Price, ce qui est tout à leur honneur. Mais quand même, avec ma curiosité mal placée, j’ai déroulé les pages jusqu’au bout,
et j’ai trouvé la preuve, là, en bas, tout en bas du site :
« Retrouve Dora, l'héroïne du film Dance, Dora Dance ! Vêtue de sa robe latino, Dora se déhanche sur un air de « meringué » (et oui, merengué, c’est difficile à écrire). Dans son costume de ballerine, Dora danse avec grâce sur un superbe ballet. »
CLIQUEZ pour voir l'article en question et hop vous allez sur le site Fisher Price.
Et puis aussi dans les FAQ, une question bizarre à partager avec d’autres parents :
Et oui, hélas, on veut bien nous rendre service, mais on n’est pas là que pour rigoler !
18:30 Publié dans Marketing & Co | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : marketing, user generated content, fisher price | | Facebook
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